À l’aube des Lumières…
À l’aube des lumières, en 1733, une querelle musicale grandit dans le royaume de France qui voit s’affronter le parti du roi – Louis XV - et celui de la reine – Marie Leszczynska, la querelle des lullystes et des ramistes - que d’aucuns appellent « les ramoneurs » - et qui donne naissance à la fameuse querelle des bouffons en 1752. Mais qu’en est-il de cette controverse ?
Rappelons que la reine, personnage discret à la cour de Versailles, noie son ennui dans les livres et la musique et insuffle l’amour des arts à ses filles qui brillent aux violon, viole, violoncelle, clavecin, harpe, musette, cor et plus amusant à la guimbarde, sous la supervision d’un certain Beaumarchais… Nous imaginons facilement que Jean-Philippe Rameau et les influences italiennes sont du « côté de la Reine » dont la loge à l’opéra royal de Versailles donne « côté jardin ». Le roi Louis XV, plus bien aimé que cultivé, préfère la chasse et la compagnie des favorites de bas étage, dans un conservatisme libertin du « côté cour » qui glorifie l’opéra français lulliste créé pour son aïeul le Roy Soleil par un petit opportuniste florentin, fils de meunier, Giovanni Battista Lulli.
Ainsi à la grandiloquence royale des lullistes, s’oppose le charme naturaliste des ramoneurs, dont le chef de file, Rameau, un vieillard acariâtre de plus de cinquante ans se lance dans l’opéra après avoir passé une première partie de sa vie comme organiste à Clermont-Ferrand mettant toute son énergie à éditer, parmi les poules et les vaches laitières, un traité d’harmonie et d’orchestration qui fera date ! Ah me direz-vous, quelle fraîcheur dans l’entrée des Sauvages fumant le calumet de la paix des Indes Galantes ou quelles tendresses dans la brunette de La Furstemberg aux accents si champêtres adorés de nos ramoneurs ; de quoi vite oublier la pompe d’une Grotte de Versailles toute Louis quatorzième défendue mordicus par nos lullistes ! L’encyclopédiste Denis Diderot en sera un observateur ironique dans son roman orientaliste libertin Les Bijoux Indiscrets…
À cela si on ajoute la joute des musiciens entre eux, illustrée par la Défense de la Basse de Viole contre les entreprises du Violon et les prétentions du Violoncelle de M. Hubert Le Blanc, vous serez ravis de découvrir la sagesse d’un François Couperin, qui aura l’intuition de réunir les goûts italiens et français pour célébrer la victoire de la Paix !
C’est ainsi que dans ce programme singulier et réjouissant, les Saôneurs s’emparent d’une querelle très française, dont seuls les français ont le secret !
Florestan de Marucaverde
Avec
Les Saôneurs
Minori Deguchi, violon
Marie Lerbret & Augustin d’Arco, flûtes & bassons
Louise Bouedo,
viole de gambe
Kaori Yugami, clavecin
Jérôme Verghade, narrateur
Où
Chapelle de l'Hôtel-Dieu
Quand
mardi 31 octobre
Téléchargez le programme
Jean-Baptiste Lully > 1632-1687
Ouverture de La Grotte de Versailles > 1668 – transcription de William Babell > ca.1689-1723
Denis Diderot > 1713-1784
Les Bijoux indiscrets > 1748
Sixième essai de l’anneau : De l’Opéra de Banza
Jean-Philippe Rameau > 1683-1764
5ème Pièce de clavecin en concert > 1741
La Forqueray | La Cupis | La Marais
Denis Diderot
Les Bijoux indiscrets
Où Mangogul s’avisa de tourner son anneau magique…
Jean-Philippe Rameau
Les Gentils Airs ou Airs Connus
Les Sauvages | La Furstemberg
Hubert Le Blanc > ? – ?
Défense de la Basse de Viole contre les entreprises du Violon et les prétentions du Violoncelle > 1740
Où Sultan violon se propose d’envahir la France !
François Couperin > 1668-1733
Les Concerts Royaux, second concert > 1714
Prélude | Allemande fuguée | Air tendre | Air contrefugué | Échos
Hubert Le Blanc > ? – ?
Défense de la Basse de Viole
Où Dame Basse de Viole s’en revient de voyage…
Louis-Antoine Dornel > 1680-1757
Sonate en quatuor > 1709