En allant vers Haydn

Que ce soit Carl Weiss (1738-1795), Carl Friedrich Abel (1723-1787) , François Devienne (1759-1803), Andreas Lidl (1740-1789), Carl Stamitz (1745-1801) ou Joseph Haydn (1732-1809) qui se croiseront dans ce programme… tous ont développé, chacun dans leur style, une écriture sans cesse novatrice, modelant les chemins vers le XIXème siècle qui se profile.

Flûtiste ou pas, ils donnent une fonction mélodique souvent lumineuse, parfois flamboyante ou bien douloureuse à cet instrument qui - à cette époque - est en bois et n'a qu’une seule clé. Le violon lui répond à la moindre occasion, créant des conversations volubiles, tandis que la basse leurs dessine l’espace, souvent par ces notes répétées aux mille facettes, si caractéristiques du classicisme, tels de vifs battements de cœur et qui se faufileront pendant plusieurs décennies encore dans l’imaginaire de très nombreux compositeurs.

Carl Weiss est autrichien et nous accueille agréablement avec son air naturel, plutôt tranquille. Carl Friedrich Abel, allemand, violiste virtuose de son temps, laisse entendre plus de douleur, même douce, puis révoltée, favorisant la résonance et la plénitude de la viole de gambe jusqu’au plus profond.

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François Devienne est connu comme « Le Mozart français ». C'est un flûtiste renommé et qui donnera à cet instrument une place clairement épanouie : fluide, léger, dramatique aussi, orchestral parfois, il navigue librement et s’adresse à nous, ouvertement.

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Andreas Lidl est autrichien. Violiste reconnu, sa musique pour le violon est comme une fête de la virtuosité élégante. Il est ludique au possible, ose des textures inattendues, va jusqu’à l’impertinence souriante. Bref ! Il s’amuse.

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Carl Stamitz, allemand lui,  fait partie des compositeurs qui touchent déjà aux aspects tourmentés du romantisme. Cette inquiétude, par des harmonies étonnantes aux accents d’Europe Centrale, cette colère même parfois, et puis tendresse, fugitive poésie suspendue….et rebonds soudains. Une troublante instabilité.

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Enfin, Joseph Haydn, autrichien, que l’on ne présente plus. Très prolixe, ses quatuors, entre autres, feront date et l’immensité de son œuvre nous rend difficile de le connaitre de manière complète… Il n’est pas loin de ses 70 ans lorsqu'il compose ces trios : rien de dramatique, une légèreté joueuse, presque désinvolte. 

Hormis Joseph Haydn, nous ne savons pas énormément de la vie de ces messieurs. Tout comme Haydn plus tard, Lidl et Abel ont tous deux longuement séjourné à Londres où ils ont fini leur vie. Dans cette ville où s’organisaient les premiers concerts publics, étant de la même génération, ils se sont très probablement rencontrés. La vivacité de la vie musicale dans cette Europe nous le fait en tous cas facilement imaginer.

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Marianne Muller

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Trialogues > Judith Farey, traverso - Minori Deguchi, violon et Marianne Muller, basse de viole

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L’ensemble Trialogues se régale à faire découvrir un répertoire qui nous guide d'un classicisme naissant vers les prémices de l’époque romantique. Cette période charnière est élégante comme tout, pleine de vivacité, de profondeur et d'une légèreté rebondissante, qui prédisent Haydn ou Mozart.

Durant toute la deuxième partie du XVIIIème siècle, contrairement à leurs voisins européens, l’Allemagne, l’Autriche et l’Angleterre aussi, gardent jusqu’aux années 1830 une belle place à la basse de viole, à côté du violoncelle, alors que la fonction de basse continue s’estompe discrètement.

Peuplé de beaucoup de compositeurs injustement méconnus et qui côtoyaient des Carl Stamitz, Carl Friedrich Abel... plus souvent joués aujourd'hui, c’est ce monde à la fois riche, touchant et très accessible que Trialogues nous propose de faire entendre.

Joseph Haydn > 1732-1809